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Visite des écoles en Finlande (29 sept. - 10 oct. 2013)

 

Ce séjour a été organisé par notre Finlandaise montpellieraine préférée : Jaana Reinikainen, designeuse, également exposée au musée du design d'Helsinki - Nous avons notre célébrité à EMAE!

 

Lundi 30 septembre : "Lycée" franco-finlandais d'Helsinki (5-16 ans)

Le lycée franco-finlandais est (contrairement à ce que son nom indique) un établissement finlandais qui accueille les enfants de 5 à 18 ans (du préscolaire au lycée). L’école est gratuite mais bilingue (français et finnois). Un immense merci à Saari, la directrice adjointe, à Romain et tous ses élèves de classe de 1ère année. 

Isabelle avec des élèves de la classe de 1C (7ans)

En ce 1er jour de visite, comme à chaque fois, je déborde d’infos mais voici les 5 points à retenir :

1. Comme en Suède et en Islande : De nombreuses similarités avec les deux premiers pays visités :

  • Les cours sur la demi-journée : Cours de 8h15 à 12h30 ou 13h15 pour les plus petits (jusqu’à 16h max pour les plus grands)
  • Scolarité obligatoire de 7 ans (année 1) à 16 ans (année 9) mais année présolaire (0) suivie par tous…
  • Différentes formes de soutiens en tous genres : enseignants spécialisés, psy, assistante sociale, conseiller d’orientation dans l’école
  • Une approche individualisée pour aider au mieux chaque enfant
  • Des cours de textile et de bois/métal dès la 1ère année (et "home economics" = "travaux ménagers" en 7ème année) 
  • Importance de la lecture et passages réguliers à la bibliothèque  

Salle du cours de "textile" (couture, tricot, crochet...) - pour filles et garçons

 

2. Sens de l’anticipation : le nouveau plan national pour l’éducation a été voté  et sera appliqué dès août 2016. Le plan précise en 8 pages les grandes orientations et les besoins des enfants dans 20 ans… Les écoles s’appliquent déjà à mettre en place leur « plan d’établissement », plan d’actions propre à chaque école décrivant leur stratégie et les moyens mis en place pour  atteindre ces objectifs nationaux, en partenariat avec les parents et enseignants…  Les écoles ont une grande liberté de moyens.

 Confitures préparées en cours de cuisine, avec les pommes du jardin de Sari! 

 

3. Recrutement des enseignants par les écoles. Comme dans les autres pays nordiques visités, l’école est en charge du recrutement des enseignants. Un « professeur des écoles » doit effectuer 24h semaine + réunions hebdomadaires + journées de formation (parfois le samedi)

4. Pas de cours particuliers en Finlande : Les cours de soutien privés (cours particuliers) n'existent pas en Finlande, cela voudrait dire que le système scolaire public a échoué... Différentes formes de soutien existent durant la journée (soutien scolaire en petits groupes ou individuels via des enseignants spécialisés notamment). Autrement, l'enseignant, peut donner des cours particulier après la classe, payés par l'école... Intéressant n'est-ce pas?

L'équipement pour les activités d'hiver : patins, skis, ...

5. Cours de religion.  Cours obligatoires de religion de l’année 1 à 9 (7 à 15 ans), principalement dans la religion de l’enfant les premières années (l’école offre des cours selon les croyances de chacun) - ou cours d'éthique pour les non croyants. La principale religion en Finlande est le luthéranisme.

Et pour rire : Aujourd’hui, j’ai déjeuné avec les plus petits à……. 10h! Oui, pas facile de manger purée et saucisses à 10h du matin… Ah, la gestion des salles de cantine me surprendra toujours J

 

Visite de Munkkivuoren ala-aste, Helsinki (7-12 ans – années 1 à 6 – 320 élèves)

Aujourd’hui, visite d’une école publique « classique ». Je suis accueillie par Pauliina (que je remercie mille fois pour sa gentillesse) et sa classe de 1ère année.

 Pauliina et ses élèves, très concentrés...

 

1) Ecoles finnophones et suédophones. La Finlande est officiellement un pays bilingue, finnois et suédois. Pour cette raison, la minorité suédophone a le droit de suivre l’intégralité des cours en suédois. On trouve donc en Finlande des écoles finnoises ET des écoles suédoises (6%). Dans les deux cas, la 2ème langue nationale est enseignée en 2ème langue étrangère à l’âge de … ans - après l’anglais toutefois, enseigné dès 9 ans. A noter : il n’y a quasiment pas d’écoles privées en Finlande.

2) Des cours en ½ groupes (fréquents dans tous les pays nordiques). 4 fois par semaine, l’enseignante prend les élèves en demi-groupe (2 fois par groupes donc !). Dans ce cas, les enfants « libres » commencent ou finissent l’école plus tôt (le demi-groupe est en début ou fin de journée). L’enseignante peut ainsi en profiter pour travailler en effectif réduit. Un sacré plus…

3) Des supports pédagogiques au top : En plus d’une excellente préparation au métier d’enseignant (sur 5 ans, précédée d’une sélection stricte pour entrer dans la formation), ceux-ci peuvent s’appuyer sur des supports pédagogiques excellents, fruits de recherches pédagogiques. Des matériaux régulièrement développés et très bien expliqués. Bref, y’a plus qu’à… Formidable !

Des cahiers pédagogiques qui guident parfaitement les enseignants

 

4) Des enseignants qui forment d’autres enseignants. Une bonne idée : proposer à des enseignants de former leurs collègues en étant rémunérés. Un petit plus de revenus, pour une formation utile pour tous… J’observe notamment aujourd’hui une formation sur une nouvelle plateforme informatique…

5)  Un métier très respecté et valorisé. Les parents, le système fait confiance aux enseignants, cela change tout. Les inspections n’existent pas. Les enseignants sont libres des moyens engagés pour atteindre les objectifs en matière de compétences (pas de connaissance). A Munkkivuoren ala-aste, l’école réunit par ailleurs l’équipe pédagogique au complet 1h par semaine. De même, les enseignants font tous au moins 1h dans une autre classe toutes les semaines – pour enseigner ce dans quoi ils sont le plus fort et découvrir d’autres classes par ailleurs

Course d'orientation aujourd'hui pour les 7 ans, très populaire en Finlande...

 

6) Suivi des élèves sur plusieurs années. Il est assez commun pour les enseignants de primaire de suivre leur classe pendant 2 ans (années 1 et 2) ou 6 ans (de 1 à 6).

7) Nouvelles technologies. Cela fait plusieurs fois depuis le début de mon périple que j’observe un nouvel équipement fort utile : un système de caméra branché à un vidéo projecteur – avec image agrandie projetée sur grand écran. En montrant sous la caméra ce qu’il faut faire, cela permet à tous de suivre en grand sur l’écran. Très utilisé pour tous les cours et particulièrement utile pour l’écriture, la couture par exemple…Toutes les classes visitées en sont équipées.  Et sûrement une grande majorité en Finlande.

Une projection sur grand écran à partir d'une caméra : Formidable!

 

8) Une atmosphère détendue. J’ai le même sentiment depuis hier, je me sens bien en classe, la classe est détendue, agréable, très calme. Les enfants sont super sages, lèvent le doigt pour poser des questions, participent tous activement et semblent intéressés par ce qu’ils font… Le ton de la voix des enseignants est apaisé, il faut que je vérifie tout ça les prochains jours. En tous cas, j’ai adoré mes 2 premiers jours d’école !!!

9) Programme anti-harcèlement et gestion des émotions. Je constate que tous les pays nordiques prennent très au sérieux la question du harcèlement. Ce matin, la classe se rend pendant une heure à une activité financée par les autorités en partenariat avec divers sponsors (dont des sponsors locaux) pour découvrir les émotions, mieux gérer les séparations (si un copain déménage par exemple) et découvrir le corps humain.  Ca dépote en 1h et les enfants sont captivés. Le programme est paraît-il bien développé en Grande Bretagne, Australie et Finlande.

Tous les doigts levés... Une pédagogie participative...

10) Quand la musique est bonne... Les cours de musique (incluant rythme et chant) sont très appréciés en Finlande. Un professeur spécialisé s’occupe de toutes les classes dans une salle hyper bien équipée… Il est même demandé aux enseignants de maîtriser un instrument de musique. Pauliina joue du piano (et dispose même d’un piano dans sa classe…) et j’assiste à un cours de musique en fin de journée (13h30-14h15) avec cours de rythme et de nombreux chants. Bravo les enfants, je me suis régalée !

 

Mercredi 2 octobre 13 : Visite de Lehddoki (garderie/"école maternelle" - 80 enfants)

Une fois n’est pas coutume, je me rends ce matin dans une école maternelle/garderie publique – dans un quartier multi-culturel et suis guidée par l’adorable Emmi, l’une des enseignantes.

L’école compte 80 enfants, répartis en 4 groupes. Les enfants sont accueillis dès le plus jeune âge

1) Ecole à 7 ans mais année préscolaire incontournable. L’année 0 (année des 6 ans) n’est pas obligatoire mais est suivie par la majorité des enfants en Finlande. L’année 0 peut être intégrée aux garderies (ce qui est le cas ici) ou aux écoles – au choix... Durant cette année de préscolaire, les enfants apprennent avant tout à bien se comporter en classe et en groupe, et posent quelques fondements scolaires : reconnaître les lettres, les chiffres, l’heure… Malgré tout à 7 ans, une bonne moitié de la classe saura déjà lire...

On laisse les chaussures à l'entrée... tout le monde en chaussettes!

2) Congé maternité : Plus d’un an rémunéré à 70%… En fait le congé maternité est officiellement de 4 mois et demi mais complété par un congé parental d’environ 7 mois, rémunérés tous les deux à hauteur de 70% du salaire initial… Le papa ou la maman peuvent bénéficier au choix du congé parental à temps plein ou partiel, Pour info, une partie des mamans poursuivent jusqu’aux 3 ans de l’enfant (congé de garde d´enfant cette fois mais non rémunéré)

3) Du personnel en quantité (mais peu valorisé). Dans cette école, on compte environ 4 personnes pour une vingtaine d’enfants (et 2 cuisinières pour l’école !). Les conditions en personnel sont donc optimales. Pour l’année 0 (préscolaire - 22 enfants), Emmi, s’occupe (avec l’aide d’une assistante) d’un groupe de 8 enfants et deux aides maternelles prennent en charge 2 autres petits groupes de 7 enfants. Chacun les siens ! Une enseignante spécialisée fait également officiellement partie des effectifs (mais est actuellement en congé maternité). Cela ferait donc 5 personnes pour 22 enfants. Malgré tout le métier est peu valorisé (et peu rémunéré) et il est difficile de trouver du personnel qualifié pour ces structures. Peu de volontaires apparemment…

Un très grand espace jeux extérieur, pour l'école et les résidences du quartier... 

 

L'espace Hockey qui se transformera bientôt en patinoire, pour leur plus grand plaisir...

4) Journée typique : Les enfants de l’année 0 ont officiellement école de 9h à 13h. De 7h à 9h, les enfants arrivent petit à petit en fonction des horaires des parents. A 9h, petit déjeuner… puis tout le monde dehors jusqu’à 10h, les enfants jouent dans la cours. A 10h, activités diverses pour commencer la scolarisation - jusqu’à 11h qui est l’heure du déjeuner. Vers 12h, les enfants vont se reposer puis jeux à nouveau… 

5) Des parents hyper-flexibles. La garderie/école ferme à 17h (17h30 au plus tard). Si la majorité des parents travaillent, on m’explique que les horaires de travail sont bien plus flexibles qu’en France et que le télétravail est également bien développé ici. Les parents travaillent donc le plus souvent de 9h à 16h et s’arrangent entre eux pour aller chercher les plus petits…

6) Autonomie dès le plus jeune âge : Il n’est pas rare que les enfants viennent à l’école seul dès l’âge de 6 ans – ou rentrent seuls. La prise en charge par l’école (primaire) s’arrête souvent après le 3ème année (9 ans…). Les enfants sont donc autonomes très tôt. Ils rentrent chez eux ou vont chez leurs amis et jouent – il y a peu de devoirs en Finlande…

Quelques créations du moment pour les 6 ans...

 

Jeudi 3 octobre : Lycée Normalilyséo (12-18 ans)

Participation au programme Pestalozzi – avec une dizaine d’enseignants européens. Merci à Kristina, Najat et Marcos ! Je visite donc aujourd’hui un collège/lycée très coté d’Helsinki, qui sert également de centre de pratiques pour les futurs enseignants.

Isabelle (à droite) avec les enseignants du programme Pestalozzi...

1) Lycées hyper sélectifs : Pour entrer au lycée, il faut faire acte de candidature et être sélectionné, principalement sur les notes de collège… Pour entrer à Normalilycéo, il fallait avoir minimum 9.08/10 de moyenne générale en 2013, c’est dire… Tous les jeunes ne peuvent donc pas accéder au lycée d’enseignement général mais il y a beaucoup de très bons lycées de "type professionnels", très appreciés, de plus en plus populaires et de haut niveau pour orienter les jeunes vers les métiers "non-academiques" (sans les réduire pourtant aux métiers manuels, comme c'est souvent le cas dans d'autres pays)

2) Matières à la carte : La totalité des matières sont choisies par les élèves au lycée sauf pour les cours de finnois/suédois. Même les maths ne sont pas obligatoires… Il suffit d’avoir complété le nombre de crédit final. Mais attention, les universités sont également hyper sélectives: Mieux vaut avoir fait le plein de bonnes notes…

Echanges entre enseignants et ados : très riches, merci!

 

3) Fin de la journée à 16h au plus tard pour les 13-15 ans (7-9ème) avec début des cours au plus tôt à 8h le matin - cours de 75mn– et pause déjeuner de 30 mn (j’apprends par ailleurs que même si les repas sont gratuits, dans cet établissement un repas doit coûter autour de 80 cts/élève). Lorsque je leur parle des journées en France, les élèves font de gros yeux... Il est important de pouvoir se reposer, se faire plaisir et se détendre.

4) 1/2 h de devoirs à 15 ans : J’interroge plusieurs élèves de 15 ans sur leurs devoirs à la maison… Apparemment, ½ heure de devoirs (1h max.) quotidiens suffisent sauf en période d’examens.

5) Langues étrangères : La 1ère langue étrangère est étudiée dès le 3ème année (9 ans - l'anglais le plus souvent) puis vient l'apprentissage du suédois (langue nationale) en 7ème année (ou parfois avant en option). Je constate toutefois que les Finnois ont un moins bon niveau en anglais que les Suédois (au top !) et les Islandais (également excellents), mais reste honorable. Il faut toutefois savoir que l'anglais est beaucoup plus difficile à prononcer pour les finlandais que pour les autres scandinaves car elle n'a pas une origine anglo-saxonne mais fennique (pays de l'est). Les élèves restent toutefois très bons à l'écrit.

6) Les conseils de classe sont obligatoires en 7-9 années (1h/semaine) – parfois mis en place dès l’école primaire (50%). Chaque classe élit par ailleurs 2 élèves pour les représenter au « conseil de l’école ». L’objectif est d’inscrire la participation des élèves dans les décisions de l'établissement.

Une salle de musique bien équipée...

7) La médiation à l’école est pratiquée à Normalilyséo, des élèves et des enseignants volontaires ont été formés. Les élèves étant toutefois triés sur le volet, la médiation n’est pas vraiment nécessaire ici. Le programme de médiation VERSO a fait ses preuves ici : http://www.ssf-ffm.com/vertaissovittelu/index.php?id=98

Et toujours des élèves participatifs et/mais hyper disciplinés ou respectueux (j'approfondis le sujet dans les prochains jours)… 

 

Vendredi 4 octobre : Hietakummunala-Aste (école primaire : 7-12 ans – années 1 à 6)

Quelle belle journée aujourd’hui (bien que je dise cela tous les jours !). Les classes visitées, les discussions avec Tuula, la directrice, Maria et Johanna, enseignantes spécialisées, et tous les autres ont inspiré cette journée ! Merci à tous !

1. L’intégration des petits étrangers fait l’objet de beaucoup d’attention en Finlande :

  • Cours de finnois langue seconde dans le cadre de l’école, par l'enseignant(e) selon besoins (et pour les primo-arrivants, des cours de langues durant un an dans une école spécialisée)
  • Etude de leur langue maternelle 2h de cours/semaine 

 Une école multi-culturelle...

 

2. Soutien aux plus faibles. L’école a 4 classes en mini-effectif (8/1O élèves max.), encadrés par des enseignants spécialisés, pour les enfants en grandes difficultés scolaires. Une autre enseignante spécialisée intervient également auprès des enfants des classes « classiques », en rencontres individuelles ou en petits groupes. Toutes les écoles disposent d'enseignants spécialisés (formation de professeur + 1 an de spécialisation).

3. Le rythme pour apprendre à communiquer… Johanna, enseignante spécialisée, me fait découvrir aujourd’hui l’enseignement du rythme pour mieux apprendre à s’exprimer et apprendre à parler inspiré de la pédagogie orff (http://www.pedagogie-orff.org). L'apprentissage du rythme commence par le rythme corporel (sur notre propre corps). Cette technique est très utile pour l'apprentissage du finnois, langue très rythmée. 

Cours de samba aujourd'hui avec des boîtes de Prickles...

4. Au primaire, l’enseignant suit les mêmes élèves durant 2 ou 6 ans : La grande majorité des enseignants suivent leurs élèves durant 2 ans (1ère et 2ème années) ou l’intégralité de l’école primaire (années 1 à 6) – afin de bien les connaître/suivre et d'instaurer un sentiment de sécurité. Les enfants restent également ensemble durant les 6 ans…

5. Cours de théâtre et cours d’improvisation : J’assiste aujourd’huides cours de théâtre/d’improvisation avec les enfants de 6ème année (12 ans). Des exercices leur ont été suggérés par un acteur, intervenu dans leur école (visite organisée par les parents ceci dit en passant). Je découvre par ailleurs une scène de théâtre intégrée au gymnase qui accueille régulièrement les spectacles de l’école, spectacles préparés par les enfants, avec ou sans supervision des enseignants. Magnifique !

 Une petite impro – une histoire de Français…

 6. Postcrossing : Un joli outil pédagogique pour faire découvrir le monde à vos élèves ou enfants : http://www.postcrossing.com/

Quand vous le décidez, vous choisissez de participer gratuitement au programme : 1. On vous envoie une adresse du monde. 2. Vos élèves écrivent la carte postale à envoyer 3. Quelqu'un (du monde) vous écrit à son tour. Et hop, un tour du monde pour le prix d'un timbre poste!

L’école a déjà reçu des cartes de 5 origines différentes…

 

Et toujours en clin d’oeil, je découvre un fauteuil de massage dans la salle des profs. La directrice me parle même du budget de l’école dédié au bien-être des enseignants. On prend soin des petits et des grands… 

 

Lundi 7 octobre : Norssi (école primaire d’application - Ville de Jüvaskylä, au nord du pays)

Levée à 4h ce matin (aïe aïe aïe…) pour partir dans le nord du pays, à Jüvaskylä découvrir la formation des enseignants en herbe. Ma visite commence par la découverte de l’école d’application Norssi, dans laquelle la plupart des stagiaires font leurs stages pratiques. J’assiste d’ailleurs à un cours de français mené par une jeune stagiaire puis visite l’école guidée par deux élèves de 5ème année (nommée pour cette fonction régulière, quelle belle idée! Visite en français de surcroît). Enfin, je vais déjeuner avec un professeur du département d’éducation (formation des professeurs specialisés) pour en savoir davantage... Mes retours en 6 points.

Laura et Katharina, mes 2 jeunes guides - Merci! 

1. Ecoles d’application, dédiée aux stages terrain : La majorité des futurs enseignants font leurs stages pratiques dans des écoles d’application – des écoles “normales” qui ont toutefois la spécificité d’accueillir les stagiaires (les élèves sont donc habitués à avoir régulièrement des “observateurs” ou un élève enseignant à la place de son prof. référent). Les enseignants titulaires qui supervisent ces enseignants en herbe ont donc été sélectionnés pour pouvoir accompagner au mieux les stagiaires dans l’apprentissage de leur futur métier. Il y a 12 écoles d'application en Finlande.

  • Durée des stages terrain : 1ère année (1 semaine d’observation) / 3ème année (6 semaines, début de l’enseignement) / 4ème année (8 semaines : apprentissage de l’évaluation / 5ème année (8 semaines : enseignement complet)

2. Sélection draconnienne des profs : 3% d’admis dans le département d’éducation de la ville Jyväskylä (grande université finlandaise) pour les enseignants d’école obligatoire : 80 admis sur 2416 candidats en 2013. Sélection sur examen plus entretien. Un recrutement hyper sélectif qui permet de recruter les meilleurs potentiels. Certains s’y prennent à 4 ou 5 fois pou entrer (ou pas…). Dans la ville de Tampere, 1% d'admis...

3. Formation de type Master incluant un équilibre entre théorie (concepts), pratique (comment faire concrètement) et expérience (stages terrain). Une grande place est également accordée à la recherche. Et chaque enseignant doit rédiger son plan personnalisé (afin de définir ses objectifs et son propre style/posture d’enseignement)

4. 3 type de formations pour l'école obligatoire :

  • Professeur généraliste (années 1 à 6 : pour les 7 / 12 ans) : "class teacher"
  • Professeur 1 matière (années 7 à 9 - pour les 13 / 15 ans), un prof par matière : "subject teacher"
  • Professeur spécialisé : professeur intervenant en soutien en petits groupes ou individuellement (compétences similaires à un prof + orthophoniste)

Sir Tulinena (cracheur de feu), la mascotte de l'école : Les enfants en sont fiers :)

5. Principale qualité des futurs enseignants : Capacité de travail sur soi, d’auto-reflexion pour pouvoir se remettre en cause, être en recherche d’améliorations permanentes et tenter de faire mieux à chaque fois. Autres compétences recherchées : compétences sociales, confiance en soi, personnalité affirmée, bon contact avec les enfants, aisance relationnelle et bonne communication.

6. Formation continue des enseignants : Toutes les enseignants doivent suivre 3 jours de formation obligatoire par an (hors temps de travail) mais nombreux sont ceux qui suivent des formations supplémentaires tout au long de l’année (sur leur temps de travail cette fois). La municipalité est en charge d’organiser ces formations. Apparemment, la ville d’Helsinki est particulièrement dynamique à ce niveau-là et propose une grande diversité et qualité de formations. 

A noter : Un accompagnement complet de fond et de forme pour préparer les futurs enseignants – déjà triés sur le volet. Les enseignants ne sont pas toutefois formés aux pratiques des écoles alternatives (Montessori, Steiner…) mais sont libres de se former et de les inclure librement dans leur classe (après discussion avec le directeur de l’école – généralement très ouverts). Et pas d'inspection, jamais... Cette profession n'existe pas en Finlande.

Pour aller plus loin :

 

Mardi 8 octobre : Pispala (Années 0 – 6 / Ville de Tampere)

Ville de Tampere, à 160 km au nord-ouest d’Helsinki. Fraîchement débarquée de Jüvaskylä, je suis accueillie depuis hier soir par Kirsti (institutrice) et Juha (professeur d’arts manuels au département d’éducation de l’université). Quelles belles rencontres ! Je suis reçue comme une princesse (et découvre même les plaisirs du sauna finlandais…). Un très grand merci à eux. Des petites informations aujourd’hui qui complètent l’image générale des écoles en Finlande.

1. La musique pour apprendre à lire En découvrant la salle de musique de l’école (regorgeant comme à chaque fois d’instruments de toutes sortes) Kirsti m’explique que les cours de musique, et notamment la pratique de la batterie, sont excellents pour aider les enfants qui ont des difficultés en lecture. Au lieu d’insister, il vaut mieux les mettre à la musique, pour connecter les deux hémisphères du cerveau… Les dernières recherches semblent abonder dans ce sens et les Finlandais sont très informés des dernières recherches...

2. Une plateforme informatique pour l’école. Tout comme en Suède et en Islande, l’école est connectée à une plateforme permettant de mettre les notes en ligne,  noter les absences, avoir les dossiers des enfants, communiquer avec la classe ou les parents. Le système est utilisé dans toutes les écoles finlandaises et se nomme WILMA (https://wilma.edu.hel.fi)   

3. Pas de redoublement : Cela n’existe pas en Finlande (sauf pour des raisons de maturité). Autrement, l’enfant reste dans sa classe d’âge, avec ses copains, grâce au soutien des enseignants spécialisés et de son enseignant

4. Pas de sanction ? Je ne rencontre depuis le début de mon séjour aucun problème de discipline et n’observe absolument aucune forme de sanction ni de punition… Les enseignants ont parfois haussé le ton mais simplement pour ramener le silence dans la classe. Je découvre aujourd’hui que Pispala demande aux élèves ayant fait de grosses bêtises (fait exceptionnel) d’appeler eux-mêmes leurs parents pour les informer directement de ce qu’ils ont fait (effet dissuasif garanti !).

5. Symbole correct/faux… Une différence culturelle de taille : le symbole d’erreur finlandais ✔ signifie exactement l’inverse aux USA (et une réponse correcte)… Comme quoi, les malentendus sont ne sont pas loin… Le symbole finlandais pour signifier que la réponse est correcte ressemble quant à lui à nos divisions :  .⁄. Pourquoi pas... 

6. Enseignants étrangers : Les enseignants étrangers qui souhaitent enseigner en Finlande doivent suivre une formation d’un an, après sélection… 20 étudiants sur 100 ont été sélectionnés l’année dernière à l’université de Tampere. Les enseignants russes sont à priori ceux qui ont le plus de mal à intégrer le style de pédagogie finlandais.

7. Aide de 298 euros mensuels pour tous les étudiants. Chaque étudiant perçoit mensuellement et indépendamment du revenu de ses parents un montant de 298 euros en 2013. Peut s’ajouter à cela une aide au logement (avec un maximum de 252 euros/mois). Une grande partie des étudiants travaillent en parallèle de leurs études.

 

Mercredi 9 octobre : Pelimannin (Années 0-6, 6-12 ans)

Je suis accueillie aujourd’hui dans la classe d’Elina (année 2 = 8 ans), dans un quartier multi-culturel, avec des niveaux sociaux assez bas. La directrice m’accorde également du temps pour me parler du système d’évaluation en Finlande. Un grand merci à toutes les deux !

 

 1. Emphase sur la lecture et l’écriture. Je découvre de jolis livres pour le travail d’écriture sur lesquels les enfants écrivent directement. Les enfants ont 8 ans (l’équivalent donc de notre CE2) s’appliquent à écrire des mots ce qui me surprend et dénote le temps que l’on prend pour apprendre à écrire aux enfants.  Ils ne connaissent à ce stade que quelques lettres en attaché.  Ces nombreux livres sur lesquels on écrit directement doivent toutefois représenter un sacré budget pour l’école … 

Voici la page d’écriture du jour

2. Intégration des nouveaux arrivants étrangers : L’école offre deux classes linguistiques pour les primo-arrivants qui ne pourront intégrer une classe « normale » qu’après une maîtrise suffisante de la langue, généralement après un an.

La diversité linguistique de la classe du jour 

3. Evaluation des écoles. Les écoles finlandaises ne sont pas  évaluées ni notées comme en Suède. La directrice m’apprend que le gouvernement propose uniquement d’évaluer une classe sur une matière, de temps en temps, au hasard (peut-être une fois tous les 4 ou 5 ans…)

4. Evaluation des enfants. Les notes ne sont pas obligatoires avant la 6ème année (13 ans) en Finlande. Toutefois la plupart proposent des notes dès la 3ème année, voire la 1ère. Libre à chacun de faire comme elle l’entend. Les enfants sont notés de 4 à 10 (4 échec / les autres donnant une note positive jusqu’à l’excellence : 10)

5. Evaluation bien-être et anti-harcèlement : Le bien-être est le fondement même de l’école en Finlande et principale consigne officielle des autorités référentes. Le bien-être fait donc partie des obligations officielles de l’école et est pris très au sérieux (équipe santé, équipe de soutien psy et émotionnel/ enseignants spécialisées / organisation pédagogique….). Tous les enfants du pays sont par ailleurs évalués sur le harcèlement à l’école lorsqu’ils sont en 8ème année. Le programme s’appelle Kiva Koulu (et semble s’exporter dans le monde entier – tel Olweus) : http://www.kivaprogram.net/fr  

Et en mot de fin pour cette page Finlande (avant un compte-rendu plus complet dès que possible), la phrase qu’à partagé la directrice avec moi « We do what we promise » (en Finlande, nous faisons ce que nous promettons)

 

Voilà, c’est fini pour la Finlande, j’espère que vous vous êtes régalés!

il reste encore beaucoup à dire sur le système scolaire Finlandais mais il les Pays-Bas nous attendent déjà, après un petit passage en France. Vous pourrez en savoir davantage à l’occasion des conférences qui seront données sur Montpellier et Paris en novembre 2013 (voir lien Conférences). Des e-books seront également produits après ce voyage.

Enfin, nous vous invitons à nous envoyer toutes infos complémentaires à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou à nous suivre sur Facebook, sur notre page J’aime « Ecoles du Monde – Acteurs en Education ».

… Suite avec les Pays-Bas (28 oct-8 nov)