Les écoles des Pays-Bas : 28 oct - 9 novembre 2013

 

Comme toujours les démarches ont été colossales pour pouvoir organiser ces deux semaines de visites d’écoles quotidiennes mais une aide providentielle est apparue en la personne de Mme Paula Gorter de Vries qui a plus que largement contribué à cette organisation - parfaite. Toute l’équipe la remercie chaleureusement !

Vous trouverez ci-dessous le journal quotidien de ces visites d’écoles aux Pays-Bas mais, comme toujours, voici en introduction quelques pratiques intéressantes à retenir :

  • Une liberté pédagogique : Le programme national est un programme par objectifs, libre à chaque école de mettre en place les moyens nécessaires pour les atteindre. On trouve donc toutes sortes de pédagogies dans les écoles néerlandaises : de la plus traditionnelle à la plus expérimentale.
  • Auto-critique (self-reflexion) : Remise en question permanente des personnes rencontrées, avec une réelle volonté de mieux faire. 
  • Chaque enfant est unique : il est clairement établi que l’enseignant ne s’adresse pas à une classe mais à 30 enfants différents 
  • Une attention spéciale pour les surdoués  
  • Auto-planning et auto-correction 
  • Utilisation des nouvelles technologies
  • Un anglais parfait (et une culture polyglotte)
  • Enseignement entre pairs
  • Mentoring et « study hours » en secondaire 
  • Cours d’analyse/logique et Clubs pour apprendre à débattre 
  • Des cours aux parents et une permanence pour l'aide à la parentalité

 

Lundi 28 octobre : Ecole primaire Dalton à Utrecht (années 1 à 8 – 460 élèves)

Tiens, une école à pédagogie « alternative » parmi les écoles publiques aux Pays-Bas… Je découvre aujourd’hui la pédagogie Dalton, inspirée de la pédagogie Montessori et développée par l’américaine Helen Parkhurst vers 1910 dans la ville de Dalton. Les écoles Dalton sont clairement implantées dans ce pays avec 435 écoles (sur un total de 7500 écoles primaires en Hollande). Une belle approche centrée sur l’enfant, sur chaque enfant : c’est une pédagogie différenciée. Tous ont l’air heureux, impliqués dans leur enseignement, répondent avec grand plaisir à toutes mes questions, j’ai passé une magnifique première journée. Mon séjour semble prometteur…

Voici mes 5 découvertes du jour :

1) Une grande diversité d’écoles publiques, gratuites...

Le système scolaire public hollandais est composé de courants très différents (qui peuvent aussi se combiner) :

  • écoles religieuses (catholiques, protestantes, etc…)
  • écoles à pédagogies « alternatives » (Montessori, Dalton, Jena Plan principalement)
  • écoles publiques traditionnelles considérées comme athées en quelques sortes…
  • Toutes ces écoles sont gratuites, et suivent les consignes et le curriculum nationaux avec une grande liberté de moyens. Les parents sont libres de choisir leur école, à leur convenance. Il y a peu d’écoles privées en Hollande (ce sont des écoles administrées par un bureau de parents)

2) La pédagogie Dalton, pédagogie différenciée centrée sur l’enfant. 

Les 3 grands piliers de la pédagogie Dalton :

  • L’autonomie, les enfants sont responsables de leur travail
  • Travailler, jouer et trouver des solutions ensemble
  • Une liberté de choix – en lien avec les autres

Concrètement, les enfants peuvent organiser une partie de la semaine à leur convenance et mettre en place leur « plan de travail » en fonction des activités exigées par l’enseignant. Plus l’enfant grandit, plus on le responsabilise en lui offrant la liberté de planifier son temps et de choisir quand il fait certaines activités, seul ou en groupe de deux ou 4 (le travail en groupe est très présent). En début de journée, l’enseignant organise un temps de préparation mais donne peu de consignes au départ. Les activités proposées sont souvent auto-guidées (seul ou en groupes) et les enfants sont encouragés à trouver les réponses auprès de leurs pairs plutôt que d’aller directement vers le professeur, qui se rend disponible pour aider ceux qui en ont besoin. Il est avant tout recherché que les enfants soient acteurs de leur apprentissage. Et contrairement à la pédagogie Montessori, les enfants restent dans leur classe d’âge et le matériel pédagogique n’est pas propre à cette pédagogie…

3) Ecole primaire de 4 à 12 ans (8 ans d’études contre 5 en France) : Si l’école n’est obligatoire qu’à partir de 5 ans officiellement, tous les enfants commencent l’école à 4 ans, avec une éventuelle entrée en préscolaire dès 2 ans et demi… Les années sont nommées de 1 à 8 (1 =  4ans). En 8ème année, les enfants seront assignés dans un établissement secondaire selon leurs résultats scolaires et ce choix s’avère déterminant. Il existe 4 plusieurs catégories d’écoles secondaires – je vous en parlerai un autre jour lorsque nous visiterons une école secondaire.

4) Ecole matin ET après-midi : Contrairement aux pays nordiques visités jusqu’à présent, je découvre un système scolaire qui divise la journée en deux. Les horaires de l’école Dalton 8h30-12h avec une récréation de 30mn puis 13h-15h. Ces horaires varient légèrement selon les écoles… La pause déjeuner est généralement de 20mn et les enfants apportent leur propre gamelle, généralement composée d’un sandwich et d’un fruit…

5) 2 tests nationaux annuels dès l’âge de 4 ans – Un contrôle qualité ? Tous les enfants sont soumis annuellement à deux tests nationaux pour évaluer leur niveau et le niveau de l’école – dès l’année 1 (4 ans). L’école renvoie à chaque fois tous les résultats à son administration…  Les écoles sont par ailleurs régulièrement inspectées (dans leur intégralité : 2 ou 3 experts visites toutes les classes en 1 journée).

 

Mardi 30 octobre : Ecole primaire du Prof dr H Kraemerschool à Amsterdam (260 élèves)

Cette semaine est normalement consacrée aux visites sur Amsterdam. Je découvre aujourd’hui une école protestante dans un quartier multi-culturel, c’est le moins qu’on puisse dire : 96% des enfants ne sont pas d’origine néerlandaise… et 50% des parents ne travaillent pas. Je passe encore une merveilleuse journée (hasard ou coïncidence) avec des enfants heureux, la visite de 5 classes et une longue discussion avec la directrice (dans un excellent français) !

Mes 5 découvertes du jour :

1)  8h30 : Réunion générale de tous les enseignants. Puisque les écoles ont une grande liberté d’organisation (et que les directeurs ont en charge recrutement et de licenciement des enseignants), le directeur de l’école impose son organisation. L’idée est excellente puisque toutes (que des femmes ici) se réunissent  avant le début des cours pour évoquer en qq minutes les évènements de la journée, les enseignants malades, les sorties… Tout le monde est donc au courant de la vie de l’école, autour d’un thé convivial… Une bonne idée pour bien commencer la journée et le sentiment de travail en équipe !

2) Des cours gratuits pour les parents : Deux matinées par semaine sont offertes gratuitement aux parents au sein même de l’école : des cours de langues (le mardi matin) mais aussi des cours d’aide à la parentalité (le jeudi matin – pour répondre aux questions liées à l’école ou l’éducation des enfants). J’ai pu rencontrer ce matin le groupe d’apprentissage de la langue (une vingtaine de mamans, principalement têtes voilées) qui a partagé avec moi tout l’intérêt de cette magnifique initiative. Cela aide énormément à leur intégration et leur implication dans la vie de l’école et la scolarité de leur enfant (elles savent ce qui se passe et ce qu’elles peuvent faire pour aider). Un must d’après elles, qu’elles m’encouragent à diffuser.

3) Une permanence pour l’aide à la parentalité : En plus des cours à la parentalité du jeudi matin (voir ci-dessus), une conseillère assure une permanence de 2h/semaine pour répondre aux questions des parents qui ont des difficultés avec leur enfant, sur RDV ou pas… Toutes les questions peuvent être abordées : scolarité, alimentation, sommeil, comportement, santé… Un coup de pouce aux parents inquiets ou désemparés…

4) L’éducation aux Pays-Bas « Donner du sens à ce que l’on fait ».  C’est ainsi que la directrice partage avec moi la vision de l’éducation scolaire aux Pays-Bas : Ne pas donner de la connaissance sans expliquer pourquoi et à quoi cela sert, ce que l’on peut faire avec. C’est pourquoi l’école essaie de créer au maximum des liens avec l’extérieur et la communauté.

5) Valorisation des talents et potentiels de chacun. L’école impulse plusieurs actions en ce sens. Par exemple, le vendredi après-midi, les enfants (par cycle d’un mois – plusieurs fois par an) peuvent explorer leurs talents en choisissant un atelier parmi une grande diversité de choix, une bonne dizaine (journalisme, slam, danse, échecs, jujitsu, gestion d’une boutique…). L’idée est d’essayer, de s’essayer et de voir si cela plait… Un concours des talents est également organisé chaque année (ceux qui le souhaitent présentent leur talents). Enfin, j’assiste ce matin  à la présentation d’un acteur, Mohamed Charra, venu parler aux jeunes de l’importance de découvrir leurs talents et de bien choisir leur école secondaire (sur un ton humoristique, les enfants sont hilares et l’écoutent avec passion). Mohamed a développé un « passeport talents » (petit guide personnalisé à compléter) et un site web sur lequel il montre des jeunes qui explorent leur talent. Une magnifique initiative : http://www.projectpaspoort.nl/ 

Nous sommes en contact mais j’espère pouvoir travailler avec Mohamed un jour, un autre idéaliste pragmatique!

6) Implication des parents dans l’apprentissage de leurs enfants. Outre le fait que la maîtresse des années 1/2 (toujours double niveau) partage avec moi le fait qu’elle donne régulièrement des documents aux parents pour les impliquer dans la scolarité de leur enfants (des mots à lire ensemble et faire apprendre), je découvre ce matin une série de très jolis sacs (réalisées par les mamans de l’école) qui sont empruntables par les parents. Dans chaque sac, on peut trouver un livre jeunesse, de quoi mimer l’histoire du livre (peluches ou objets illustrant le livre) et toute une série de jeux pour s’amuser entre parents/enfants autour de ce livre. Un franc succès. J’adore !!!

7) Des inspections, 1 à 2 fois par an. J’ai évoqué hier les tests nationaux (bi annuel) et les inspections de l’intégralité de l’école (tous les 3 ou 4 ans). Depuis 2010, les écoles d’Amsterdam (les écoles sont encadrées par la municipalité) ont la possibilité d’être inspectées une à deux fois par an afin de recevoir le feed-back d’experts et des conseils avisés pour s’améliorer.  C’est le choix qu’à fait cette école, pour assurer sa qualité et garder ses enseignants impliqués (7 journées de formations annuelles sont par ailleurs obligatoires – sur les jours de travail). La prochaine journée de formation portera sur le thème « comment intégrer les parents – vision de la co-éducation » et une analyse des résultats de l’école aux derniers tests nationaux…

 

Jeudi 31 octobre : Ecole primaire Rijk Kramerschool, Amsterdam

Je visite aujourd’hui une école dans un quartier prisé d’Amsterdam, en centre ville. Rijk Kramerschool fait partie des meilleures de la ville et est surprenamment située au cœur même d’immeubles. Des appartements donnent directement sur l’école et sa cour, original ! Franck, l’un des 2 directeurs de l’école et Marieka, enseignante spécialisée m’ont accordé 3h de discussion et une visite de l’école. Un très grand merci à eux deux !

1) AMOS : Cette école fait partie du « board » AMOS, comme l’école visitée mardi (Prof. Dr H Kraemerschool) – un pur hasard. Le « board » AMOS regroupe près de 40 établissements de confession protestante œcuménique. Je découvre aujourd’hui que toutes les écoles sont rattachées à un groupe de référence (board) qu’il soit religieux, pédagogique ou sans attribut particulier (il y a une quarantaine de boards d’écoles primaires sur Amsterdam). Ce rattachement est essentiel dans la vie de l’école non seulement en termes d’image mais de valeurs, de programmes à suivre, de formations communes...

2) Les « white and black schools » … A Amsterdam, chaque établissement fait l’objet d’une évaluation annuelle via la publication des résultats du CITO (examen déterminant passé par tous les enfants à 12 ans). Ces résultats sont publiés sous la forme d’un petit livre (rassemblant le score de toutes les écoles) distribué à tous les parents … Cela les aide à choisir l’école pour leur enfant – dans le périmètre de leur quartier toutefois. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, l’école est vite montrée du doigt, peu importe son histoire derrière ces résultats. Les inspections biannuelles mises en place il y a 3 ans (voir mardi) ont permis de redresser la qualité des écoles. De 26 écoles « non satisfaisantes » en 2010, il n’en reste que 6 en 2013… N’en reste pas moins une énorme pression et compétition entre écoles (et des services marketing qui apparaissent au cœur des écoles)

3) Des questionnaires qualité aux parents, enfants et enseignants. Tous les deux ans, le groupe AMOS impose à toutes ses écoles de faire passer un questionnaire qualité auprès de tous les acteurs concernés : parents, enfants et enseignants. Des rapports détaillés, hyper complets permettent ensuite d’améliorer la situation.

4) Des cours de jardinages obligatoires pour les années 6 et 7 (10 et 11 ans). A raison de 3h/semaine (de mars à décembre – et temps de transport compris) les enfants (du groupe AMOS) apprennent à cultiver la terre avec des jardiniers. Et à chacun son petit lopin de terre à ce que l’on m’apprend…

5) Comment aider les plus faibles ? Contrairement aux autres pays nordiques, les cours particuliers sont pratiqués aux Pays-Bas. Pour aider les plus faibles, les enseignants pratiquent une pédagogie différenciée et donnent en début de leçon les consignes à suivre à l’ensemble de la classe : les plus forts ont compris et accomplissent leur tâche avec toute la liberté de demander aux voisins (les tables sont groupées par 4) tandis que l’enseignant aide le groupe qui en a le plus besoin. Des enseignants spécialisés permettent également d’aider les plus faibles en dehors de la classe.

6) 1h30 pour les surdoués Les enfants surdoués sont également des enfants « différents » à besoins spécifiques, souvent ignorés par les écoles… J’apprends aujourd’hui que l’école offre 1h30 d’accompagnement hebdomadaire aux enfants surdoués pour répondre à leurs besoins et leurs donner des challenges appropriés. Les cours sont offerts par une spécialiste des enfants surdoués

7) Le mentoring et les activités « grands/petits ». L’un des objectifs de l’école est de former des citoyens solidaires et responsables. Elle a mis en place toute une série d’activités permettant de créer du lien et de l’entraide entre enfants d’âges différents. Ainsi, tous les vendredis après-midi, les « grands » font des activités avec les plus « petits », les aident, cuisinent, jouent ou préparent des spectacles de talents (4 fois par an – il y a une scène dans l’école). La fabrication d’objets dont la vente est  destinée à des œuvres de charités fait aussi partie du panorama éducatif tout comme des projets pédagogiques d’ouverture sur la ville, le pays, l’Europe ou le monde...

 

Vendredi 1er novembre : Ignatius Gymnasium, Amsterdam (12-18 ans)

Aujourd’hui, découverte de l’enseignement secondaire aux Pays-Bas, avec la visite d’un Gymnasium, niveau le plus élevé des établissements du secondaire qui accueille les meilleurs élèves. Que je vous explique comment cela marche…

1) Le CITO, examen déterminant à l’âge de 12 ans. Aux Pays-Bas, tous les élèves de dernière année d’école « primaire »,  en 8ème année (=12 ans), passent une série d’examens permettant d’évaluer leur niveau d’études final, appelé CITO. En fonction de leurs résultats au CITO (combinés avec les appréciations de leurs enseignants, parfois les notes de 6ème et 7ème années), les enfants décident de leur orientation selon leurs capacités.

2) 6 types d’écoles secondaires, de la plus théorique (considérée comme la plus difficile) à la plus professionnelle (de 4 à 6 ans d’études) :

  • Etudes pour entrer à l’Université (2 écoles) : Gymnasium (=VWO+) et VWO
  • Etudes théoriques (plus faibles que VWO) : HAVO
  • Etudes professionnelles : VMBO (3 types d’écoles : KBL/BBL/TL)

A noter : Il existe près de 700 établissements sécondares aux Pays-Bas dont 38 gymnasium…

3) Orientation en 4ème année : Après un tronc commun d’apprentissage durant les 3 premières années, les enfants choisissent leur orientation parmi 4 possibilités : 

  • Sciences humaines, culture et société (langues, langage et sciences humaines)
  • Economie
  • Nature et technologie
  • Nature et santé

4) Latin et grec obligatoires en Gymnasium : Probablement une vieille tradition du pays mais l’étude du latin ET du grec sont obligatoires dans tous les Gymnasiums des Pays-Bas. A Stedellijk (Utrecht – voir lundi prochain) les élèves étudient même 6 langues en 2ème année (Latin, grec, néerlandais, anglais, allemand, français). Et bien évidemment, les enfants peuvent choisir d’étudier d’autres langues en option (espagnol, chinois,). Rien que ça…

5)  « Tu es nul », « fainéant », « vous n’arriverez à rien » Toute remarque démotivante est bannie du vocabulaire des enseignants néerlandais, car peu stimulante pour l’élève. Pratiquées il y a encore une dizaine d’années, les remarques « négatives » ont été remplacées par des remarques exclusivement positives pour impulser une nouvelle dynamique – qui s’en ressent. Aucune surenchère de compliments (et des punitions parfois) mais pas de remarques qui dévalorisent l’enfant et peuvent le décourager. Tout un (ré)apprentissage. 

Le coup de cœur du jour :

Bravo ! Je suis accueillie en musique ce matin et cela m’a transportée. De magnifiques morceaux de piano, interprétés par une lycéenne. Un merveilleux début de journée : de la musique pour accueillir élèves et enseignants. Et la possibilité de partager son talent…

 

Samedi 2 novembre : Journée portes ouvertes Inholland (Formation des enseignants – pour le secondaire)

Aujourd’hui je profite de l’opportunité d’une journée portes ouvertes pour découvrir la formation des enseignants aux Pays-Bas. Pas de repos le samedi… Mes découvertes du jour :

1) Trois formations possibles pour devenir enseignants :

  • Formation en institut professionnel : formation en 4 ans permettant d’obtenir le PAVO, le plus souvent destiné aux élèves issus des écoles secondaires HAVO, VMBO et quelques fois VWO
  • Formation en 4 ans en école combinant enseignement et capacités à mener des recherches permettant d’obtenir le HALPO (pour les élèves issus des VWO)
  • Formation universitaire : Master (4 ou 5 ans) + 1 an en pédagogie

Le diplôme en éducation donne à chacun le titre d’enseignant mais à chacun d’aller directement postuler auprès des écoles en charge directe du recrutement de leur personnel.

2) Une formation payante, un investissement : Les études supérieures sont payantes aux Pays-Bas à raison d’environ 1800€ par an… La formation sur 4 ans revient dont à 7200€.

A noter qu’il n’y a pas l’équivalent de nos grandes écoles, l’entrée à l’université étant déjà réservée aux étudiants issus des VWO et Gymnasium (supposés être les meilleurs élèves)

3) Une formation à temps plein ou à temps partiel : Selon la disponibilité de chacun, les élèves enseignants peuvent suivre une formation à plein temps ou en cours du soir - avec pour ceux déjà titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur ou ceux en reconversion professionnelle la possibilité de compléter la formation en 2,5 ans.

4) Une formation équilibrée facile à retenir : 1/3 pratique en classe – 1/3 didactique (apprendre à apprendre) et 1/3 théorique (dans leur(s) matière(s)). Je découvre aujourd’hui la partie conséquente accordée à la pratique en classe, l’expérience terrain pour s’entraîner à son futur métier. Dès la 1ère année les futurs enseignants ont 1 journée par semaine de pratique en classe … pour finir à 3 jours de pratique terrain en dernière année…

 

Lundi 4 novembre 2013 : Stedellijk Gymnasium, Utrecht (12-18 ans)

Merveilleusement accueillie par la directrice Mme Taat et Sonia, enseignante de français, je me nourris de ces échanges, visite 3 cours de langues et parle longuement avec Caroline, jeune lycéenne de 15 ans. Une bien belle journée !

1) Vers un projet individuel pour ceux qui souhaitent développer leur(s) talent(s). Dans cette école, les enfants qui le souhaitent ont la possibilité de développer leur propre projet, quitte à grapiller sur le temps de leur cours – du moment qu’ils continuent à obtenir de bonnes notes. La liberté de chacun passe par un programme sur mesure selon besoins, capacités et envies. La validation finale passe par l’acquisition d’un niveau requis en savoir-être/savoir-faire imposés (communication, …). Peu importe donc la forme et le projet choisi…

2) Ecoles intégrant les « surdoués » Tout au long de mon séjour, je découvre la part accordée aux enfants à haut potentiel, que cela soit par des heures qui leur sont dédiées (groupe encadré par une enseignante spécialisée), des tests de détection ou la possibilité de mener un  projet personnel. Le pays compte notamment 24 écoles secondaires intégrant les enfants à haut potentiel, pour répondre à leurs besoins spécifiques avec du personnel qualifié.

3) Des clubs pour apprendre à débattre. Les « clubs » sont très populaires dans les écoles secondaires, notamment dans les VWO/Gymnasium. Après les cours (parfois même en remplacement des cours), les ados se regroupent pour suivre/faire une activité sous forme de clubs : théâtre, musique, groupe parlementaire, comédie musicale, journalisme,…. Les clubs pour apprendre à débattre sont très populaires aux Pays-Bas mais celui du Gymnasium d’Ignatius est particulièrement bon. Il rafle régulièrement les trophées lors des compétitions entre écoles. J’apprends même que les débats se font dans toutes les langues… J’assiste aux 10 dernières mn du club durant lesquelles 2 ados se sont succédés pour présenter 2 propositions (recherches, argumentation, ton de voix affirmé, présence…). Un excellent entraînement…

4) Développer l’esprit critique. Pour tous cette fois, l’école impose 4 ateliers obligatoires de 6 semaines en 4ème année (15 ans, via des séminaires de 6 semaines)

  • Développement de l’esprit critique
  • Musique
  • Arts (combinaison de design, techno et arts plastiques)
  • Prendre soin de soi et des autres

5) Apprendre à apprendre entre pairs : les « study hour ». Si chaque professeur essaie d’intégrer au maximum dans son cours une réflexion autour du processus d’apprentissage (Comment as-tu procédé ? Y a-t-il de meilleures façons de faire ? Quelqu’un a-t-il procédé autrement ?...), tous les 1ères années reçoivent 1h par semaine de méthodologie pour « apprendre à apprendre ». Les cours sont donnés par leur « mentor » (professeur principal), assisté d’une poignée d’élèves de 5ème années (ce poste de mini « mentor » est très prisé par les ados). Les nouveaux lycéens sont donc guidés par leurs aînés dans cette nouvelle exigence de gymnasium et dans leur processus d’apprentissage : Une démarche entre pairs qui marche du tonnerre apparemment…

 

Mardi 5 novembre : Ecole primaire Boomgaard Utrecht (800 étudiants)

Je découvre aujourd’hui l’une des meilleures écoles des Pays-Bas. Le pays recense 31 « excellentes » écoles primaires sur un total d’environ 7000, Boomgard en fait partie. La crème de la crème donc ! Le directeur, passionné et très investi dans une vision humaniste de l’éducation, impulse avec son équipe d’enseignants une pédagogie coopérative différenciée pour former des adultes/citoyens épanouis, autonomes et responsables. Excellente et inspirante !

Les 7 découvertes du jour :

1) L’implication des parents : Pour pouvoir inscrire leur enfant dans cette école (sans sélection aucune), les parents doivent toutefois s’engager sur deux points :

  • Partager la vision, les valeurs et le projet de l’école (des visites d’écoles sont organisées collectivement ou individuellement afin de préciser les orientations pédagogiques choisies, clairement spécifiées). 
  • S’impliquer personnellement dans la vie de l’école : donner un coup de main si besoin (y compris dans le nettoyage de l’école), aider à l’éventuelle collecte de fonds, être force de propositions pour aider au développement de l’école, encadrer certaines activités… Le développement de l’école implique la participation de chacun

2) Un système en permanente évolution : De petits groupes de travail spécialisés (approx. 5 enseignants) permettent à l’école d’être toujours dans une dynamique d’amélioration. Chacun dans son domaine d’expertise, les différents groupes (coopération, lecture, mathématique, musique…) ont la responsabilité (et la joie) de proposer de nouvelles activités, de nouvelles façons de faire, de rechercher ce qui se fait de mieux, etc. Le fruit de ces découvertes/travail est ensuite partagé avec l’ensemble de la communauté pour le bénéfice de tous.

3) Des conseillers pédagogiques dans chaque école. Les « teacher’s councelor » sont en charge de suivre les élèves et de soutenir les enseignants pour les cas difficiles (1 conseiller pour 280 élèves). Les teacher’s councelor suivent les résultats des élèves, observent les classes, échangent avec les enseignants pour les conseiller au mieux  face aux difficultés rencontrées.

4) Des classes à 3 niveaux. Tout comme dans une grande partie des écoles primaires visitées jusqu’à présent, les enfants sont invités dès le plus jeune âge à se responsabiliser et à planifier une partie de leurs activités dans la semaine (libre à eux de choisir quand ils accomplissent certaines tâches du moment qu’ils les aient terminées en fin de semaine). Chaque activité est par ailleurs déclinée en 3 niveaux selon les capacités de l’enfant (faible, moyen, fort). A chacun son niveau et son rythme. On peut être bon en math, moyen en écriture et faible en lecture… Pas question de décourager qui que ce soit … Le travail en coopération permet ensuite d’être aidé par ses pairs selon besoins…

5) Des questionnaires réguliers : Encore une fois, le proviseur me rappelle l’importance de se remettre en permanence en question : qualité 1ère de tout éducateur. L’école a donc choisit de demander un feed-back annuel «constructif » aux parents, enseignants et enfants… Chacun apporte son regard, est source de propositions et d’amélioration.

6) Une pédagogie coopérative : Des tables assemblées par groupe de 4 ou 5 permettent aux enfants de travailler ensemble et/ou de s’entraider le plus souvent possible … Les règles doivent être clairement posées pour que chacun participe à l’activité, que les échanges restent constructifs/positifs, et que le niveau sonore reste acceptable… Les enfants suivent donc les directives de l’enseignant(e) : ses consignes de partage des tâches et de bienveillance. Tout un travail répété sur la durée, qui apprend aux enfants toute la richesse de l’entraide, de la diversité et permet à chacun de trouver sa place dans la communauté.

7) Répondre aux besoins des surdoués : Engagée à stimuler les capacités de chacun, l’école offre aux surdoués une demie journée/semaine de cours avec une enseignante spécialisée. Les enfants sont identifiés grâce à des tests de QI passés en 4ème année (pour ceux que l’on soupçonne un haut potentiel / QI>130). Les enfants « surdoués » restent ainsi motivés et stimulés en réponse à leur haute demande.

 

Jeudi 7 novembre : Ecole primaire Dominicius, Utrecht (600 élèves)

L’une des plus grandes écoles d’Utrecht avec ses 600 élèves, l’école catholique Dominicius est située au cœur d’un quartier prisé et est réputée pour ses bons résultats. Décidément, je ne visite que des bonnes écoles... Comme toujours, je suis extrêmement bien accueillie : De longues conversations et des visites de classes dont un cours de mindfullness avec les 10 ans… 

Les 5 points du jour :

1) Accueil de tous les parents et enfants par le directeur en personne, tous les matins : Posté à l’entrée de l’établissement, le directeur salue et souhaite une bonne journée à tous ceux qui entrent dans l’école… La pratique quotidienne est paraît-il courante aux Pays-Bas pour la moitié des écoles primaires…

2) Un concierge dans chaque école : Je ne l’ai pas précisé jusqu’à présent mais chaque établissement dispose d’un concierge… Son rôle est variable mais comprend généralement l’accueil téléphonique, l’orientation dans l’école, la prise en charge des petits travaux, éventuellement un peu de ménage,  …

3) Cours de Mindfullness.  L’école propose depuis deux ans des cours de mindfullness à raison d’une heure par semaine. J’assiste au cours avec les 10 ans… La méthode utilisée a été développée par l’Hollandaise Eline Snel (célèbre paraît-il). Le professeur me recommande :

Les résultats sont paraient-ils probants selon les enfants et adultes …

4) L’auto-correction : Apprendre de ses erreurs. Je découvre tout au long de mon séjour que les professeurs utilisent l’auto-correction comme outil d’apprentissage. La correction générale (si existante) passe d’abord par une auto-correction pour savoir si l’on a compris ou pas… Pas la peine d’en faire un drame, les exercices permettent simplement de vérifier que l’on peut continuer. Un bon moyen de responsabiliser/impliquer l’enfant dans son apprentissage et de dédramatiser l’erreur.

5) L’école responsable d’aider chaque enfant… Le directeur de l’école m’explique ce matin la prise en charge des enfants en difficultés…

L’enseignant demande d’abord l’aide/les conseils de son conseiller d’éducation (soutien pédagogique des enseignants) puis si difficultés, l’école offre à l’enfant le soutien d’un orthophoniste ou sollicite la visite d’un « orthopédagogue » en charge de diagnostiquer les problèmes de l’enfant qui proposera éventuellement une prise en charge via un enseignant spécialisé. Tous ses soutiens sont financés entièrement par l’école et sont de sa responsabilité…

 

Vendredi 8 novembre : Gymnasium Bonifacius, Utrecht , école catholique

Je découvre aujourd’hui un autre Gymnasium, de confession catholique. J’assisterai à 3 cours (anglais, maths et histoire) et aurai une longue discussion, enrichissante avec la directrice. Je finis aussi bien que ce que je n’ai commencé ce séjour : en beauté !

1) Le Cambridge exam : Pour valider leur niveau en anglais (excellent de manière générale), les lycéens sont invités à passer un test officiel : le Cambridge exam. Idem pour chaque langue Reconnu internationalement, le niveau sera un atout pour les recruteurs ou les écoles d’enseignement supérieur à l’étranger.

> Les certificats internationaux de langues : http://www.excellence-linguistique.ch/fr/sejours-linguistiques-sejour/infos-pratiques-sejours-etudiants-et-adultes/les-examens-de-langue.html

2) De 0 à 2h de devoirs par jour au lycée : Si la journée des lycéens se termine en général vers 15h30 (parfois plus tôt, rarement plus tard), le niveau de devoirs varie selon les jeunes interrogés, qui reconnaissent principalement étudier à l’approche des examens (regroupés sur une même semaine d’examens). Au sein d’une même classe, le niveau de devoirs varie de 0 à 2h par jour.  Les enseignants quant à eux préconisent 15/30mn de devoirs par matière (à raison de 7 matières par jour).

3) Les missions de l’enseignant : Au-delà de ses heures d’enseignement (pour info, 25 cours de 50 mn par semaine dans ce gymnasium), de la préparation des cours et des corrections des examens/devoirs, les enseignants néerlandais ont généralement d’autres obligations liées à leur profession : des réunions générales obligatoires (équipe pédagogique au complet), des réunions entre enseignants (groupe de travail par niveau, par matière et/ou par groupe d’expertise), organisation des fêtes de l’école, les formations obligatoires.

4) L’une des préoccupations nationales est de professionnaliser le métier d’enseignant (la tendance étant de s’orienter vers l’obtention d’un diplôme universitaire), d’amener les enseignants à développer leur propre expertise et style pédagogique (chaque personne est unique et doit se trouver en tant qu’enseignant), de continuer à se former régulièrement, de se stimuler entre pairs (via les groupes de travail) et de créer des liens et échanges de pratiques entre écoles (pour bénéficier des savoir-faire et compétences de chacun).

5) Le « Mentor » : Le mentor est le professeur référent de la classe. Le mentor dispose d’une heure par semaine pour suivre ses élèves et les guider au mieux. En groupe ou en entretiens individuels, le professeur doit prendre le temps de connaître la situation de chacun de ses élèves.  Libre à lui d’utiliser son temps comme il le souhaite. En entretien individuel, l’enfant est invité à se confier sur plusieurs points : vie sociale, motivation, difficultés, situation personnelle. L’enfant est libre d’exprimer ou pas ce qui se passe mais il appartient à l’enseignant avoir une approche globale de l’enfant, pas simplement d’un point de vue scolaire…

 

Voilà, c’est fini pour les Pays-Bas ! Nous espérons que les découvertes ont été enrichissantes.

Vous êtes les bienvenus pour nous contacter afin de nous apporter des compléments d’information ou des corrections :  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Par avance merci ! Prochaine destination : l’Inde…